Biographie
Le travail de Caroline Gagné témoigne d’un engagement profond envers sa pratique : arts médiatiques, installations interactives, essais sonores et vidéographiques fondent un parcours artistique multiforme, entre médias numériques et nécessité de transiger avec la matérialité des choses. Elle compte à son actif plusieurs résidences, expositions individuelles et collectives en plus de participations à des évènements internationaux.
Elle a notamment participé à la biennale Manif d’art et à la Biennale nationale de sculpture contemporaine (Trois-Rivières), au festival Mois Multi (Québec), à Temps d’images (Montréal), au FIMAV (Victoriaville), aux Instants fertiles et à Chroniques (France), ainsi qu’à des événements tels Périphéries Québec-Zagreb-Sarajevo (Zagreb, Croatie), Cités invisibles (Montréal) et C'est arrivé près de chez vous : L'art actuel à Québec (Québec). Ses œuvres ont également été présentées au Lieu et à VU (Québec), à Oboro, à Occurrence et à la galerie de l'UQAM (Montréal), à la Galerie d'art Stewart Hall (Pointe-Claire), à Sporobole (Sherbrooke), à Stryx Gallery et à Canada House (Angleterre).
En 2011, l’installation CARGO lui a valu un Prix d’excellence des arts et de la culture de la Ville de Québec. En 2020, la collection nationale du Musée d’art contemporain de Montréal fait l’acquisition de son œuvre Le bruit des icebergs pour l’intégrer à sa collection permanente. En 2022, les éditions Oboro publient Caroline Gagné : Donner corps à l’insaisissable / Embodying the Intangible, un regard rétrospectif de son parcours artistique. La même année, l'installation de réalité virtuelle Autofading_Se disparaître est finaliste pour le Prix Vidéré Création en arts visuels. Active dans son milieu, elle a assuré la direction artistique du centre d’artistes Avatar de 2013 à 2019. Caroline Gagné vit et travaille à Saint-Jean-Port-Joli et Québec.
Depuis le début de ma pratique, mon approche de l’art est ancrée dans l’expérience des lieux que j’explore. Pendant que je suis sur place, je m’imprègne des événements qui y surviennent. Dans cette optique, certains sites ont plus particulièrement marqué ma recherche, par exemple les parcs urbains et les berges du fleuve Saint-Laurent. De même certains bâtiments, et plus précisément leurs intérieurs sonores : les maisons tourmentées par le vent aux Îles de la Madeleine, un édifice industriel de Montréal résonnant des bruits de sa chaufferie ou encore, un cargo traversant l’océan Atlantique.
Ce faisant, mon attention s'est portée sur les mouvements réitérés et apparemment anonymes qui affectent les lieux, comme ceux des piétons qui, à la longue, marquent le sol, ceux des vents et des courants marins, les glaciers qui se brisent et engendrent la dévire des icebergs sur la mer et la migration des oies.
L'érosion, la fragilité des écosystèmes, les nuances des atmosphères et les transformations de la matière qui s'altère, par la vibration et la friction, par exemple, sont des processus qui dévoilent l'instabilité et les transformations de notre environnement. Sur la base de ces processus que j'observe, je compose des situations évolutives à partir d'éléments (sons, images, captation de mouvements, objets, matières, configuration des espaces) afin qu'il en émerge des affects de notre rapport à l'environnement et au paysage, voire, notre propre finitude.
Les œuvres que je réalise constituent des interfaces sensibles, un mouvement du journalier vers l’insaisissable. La poésie tient à la connectivité qu'elles établissent et orchestrent avec les éléments qui les constituent, mais aussi les lieux dont elles sont issues et les usagers qui les fréquentent. Pour ce faire, j'utilise régulièrement des technologies numériques en adéquation avec cette connectivité des environnements évolutifs dont je cherche à rendre compte. Art Web, installation interactive, art sonore et essais vidéographiques sont quelques exemples de dispositifs que je développe dans cette optique.