Résumé
Le projet proposé lors de cette résidence s’est inscrit dans ma recherche effectuée à partir des phénomènes de vibration et de tremblement de la matière, recherche qui tient une place importante dans mes travaux récents. Toutefois, en arrivant dans la Valle del Borello, où est situé Rad’Art, j’ai été étonnée par la manière particulière dont y voyageait le son et le silence. Les bruits semblaient exister simultanément dans l’air du temps, entre l’intime et le lointain. J’ai associé cette sensorialité aux mots de Marcel Proust décrivant une atmosphère similaire dans Du côté de chez Swann : « Dehors, les choses semblaient, elles aussi, figées en une muette attention à ne pas troubler le clair de lune, qui doublant et reculant chaque chose par l’extension devant elle de son reflet, plus dense et concret qu’elle-même, avait à la fois aminci et agrandi le paysage comme un plan replié jusque-là, qu’on développe. Ce qui avait besoin de bouger, quelque feuillage de marronnier, bougeait. Mais son frissonnement minutieux, total, exécuté jusque dans ses moindres nuances et ses dernières délicatesses, ne bavait pas sur le reste, ne se fondait pas avec lui, restait circonscrit. »
C’est ce passage qui a inspiré le titre de ce projet : Ce qui avait besoin de bouger [...] bougeait.
L’œuvre dans l’espace
Les explorations sonores et visuelles qui, au fil des jours, se sont déployées dans l’espace de diffusion de Rad’Art étaient empreintes de cette poésie atmosphérique. À partir du dispositif que j’avais développé pour Quand un arbre tombe, on l'entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit, j’ai effectué différents essais contextuels à partir de chants d'oiseaux peuplant les environs, d’une antique table de jardin devenue un objet sonore vibrant, du frémissement des feuilles des arbres, de l’orage, du village de Ciola après la pluie, des cyclistes participant à la course Nove Colli et d’autres petits bruits journaliers qui seraient peut-être autrement passés inaperçus.
Cette résidence a été réalisée dans le cadre du programme d’échange entre Rad’Art (Italie) et La Chambre Blanche (Québec).
Collaborations
Réalisation du dispositif : Artificiel
Documentation : Anton Roca et Bruno Donati
Montage de la documentation vidéo : Marion Gotti
Remerciements : Christophe Havard et Arianna Bassetto
Le projet a vu le jour grâce à la contribution financière du Conseil des arts du Canada.